Birds of America d'Audubon

Points de mire de la collection

Birds of America d'Audubon

Les toiles de Jean-Jacques Audubon, l’un des plus grands naturalistes au monde, dépeignent les oiseaux de l’Amérique du Nord dans leur habitat naturel.

Né à Saint-Domingue (à présent Haïti) en 1785, Jean-Jacques Audubon est élevé en France. C’est là que naît son amour pour la nature et qu’il développe son talent pour le dessin d’oiseaux. À 18 ans, afin de le soustraire à la conscription des guerres napoléoniennes et pour qu’il se lance dans le commerce, son père l’envoie en Amérique.

La fascination d’Audubon pour la nature se poursuit à l’âge adulte. Sa passion pour le portrait des oiseaux de tout le continent se combine à ses talents d’artiste et de scientifique. À compter des années 1820, il parcourt les États-Unis puis le Canada. Il réalise 435 toiles, représentant plus de 450 espèces d’oiseaux grandeur nature, du plus petit colibri au plus grand flamant. Dans le cadre du projet Birds of America, ces toiles sont reproduites sur des planches couleur qui sont d’abord vendues par abonnement.

Démarche artistique

Audubon peint ses portraits originaux en Amérique du Nord. Ses toiles sont ensuite envoyées en Angleterre où le graveur et imprimeur Havell reproduit les images en taille-douce et en aquarelle appliquée à la main. Les planches sont alors acheminées aux abonnés en 87 séries de 5 planches chacune. Cette collection est aujourd’hui communément appelée l’édition double éléphant, en référence directe au format impressionnant des feuilles de papier sur lesquelles les planches ont été produites, qui mesurent environ 100 cm sur 70 cm.

Dans la collection de la Bibliothèque

La Bibliothèque du Parlement a intégré à sa collection trois exemplaires des Birds of America, comme on appelle généralement cette série de planches. Le Conseil législatif du Canada et la Bibliothèque de l’Assemblée législative ont acquis les deux premiers en séries complètes auprès d’Audubon en 1842 alors qu’il était en visite à Kingston, la capitale du pays à l’époque. Ces deux séries ont suivi la législature lorsqu’elle a déménagé à Montréal. Elles ont brûlé dans l’incendie du parlement lors d’une émeute en 1849. En 1857, à la suite de démarches auprès de la famille d’Audubon, décédé en 1851, la Bibliothèque a acquis l’exemplaire actuel.

L’exemplaire a été acquis à une époque où l’histoire naturelle et la biologie suscitaient un grand intérêt et où de grandes découvertes étaient faites dans ces domaines. Des auteurs comme Darwin et Mendel présentaient alors des idées inédites. Birds of America était à l’époque considéré comme le premier ouvrage d’ornithologie. C’est pourquoi son contenu est aussi important pour le Parlement que sa valeur à titre d’artefact de grande beauté.

L’ouvrage contient des illustrations de plusieurs espèces d’oiseaux aujourd’hui disparues. De plus, l’exemplaire de la Bibliothèque comporte certaines caractéristiques uniques, notamment des planches composites sur lesquelles Audubon a ajouté des détails, ainsi que des notes et esquisses dans les marges, possiblement de la main de l’artiste lui-même.

Restauration et conservation des planches

Initialement rassemblé en quatre énormes volumes, l’exemplaire de la Bibliothèque des Birds of America montrait des signes d’usure et de détérioration découlant d’années de consultation. Dans les années 1980 et 1990, la Bibliothèque s’est associée à l’Institut canadien de conservation afin de préserver l’état des planches. L’Institut a relié les planches en 17 volumes plus petits spécifiquement pour assurer la préservation de l’œuvre. Des feuilles intercalaires ont été ajoutées pour séparer les planches et ainsi éviter que la couleur de l’une déteigne sur l’autre. Enfin, des onglets ont été insérés le long de la reliure pour réduire la pression sur le bord des planches.

Un héritage mitigé

Si l’œuvre artistique et ornithologique d’Audubon a reçu une grande attention, un regard plus attentif sur l’homme lui-même révèle une figure historique problématique. Audubon était en effet propriétaire d’esclaves et s’est prononcé contre l’émancipation. Ses écrits, qui comprennent des commentaires sur les peuples autochtones qu’il a rencontrés au cours de ses voyages en Amérique du Nord, expriment des opinions racistes et une mentalité colonialiste.

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